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Photo du rédacteurClément Martin

Planètes : la composition des réels

Dernière mise à jour : il y a 23 heures


Le projet de film "Planète" a obtenu le prix spécial de la fondation GAN en 2022. La Fondation GAN aide à la création cinématographique depuis plus de 35 ans.


Le Carrefour de l'Animation 2024 s'est achevé vendredi 29 novembre. Quel sentiment d'abandon ne ressentons pas tant ce festival nous a offert des découvertes et des émotions uniques. Heureusement il est possible de revenir sur les évènements exceptionnels de ce festival pour en prolonger le plaisir. Parmi ceux-ci Gamca-Animation souhaite vous entretenir de la présentation de Momoko Seto du mercredi 27 novembre sur ses précédents courts-métrages et son long-métrage en cours de réalisation : "Planètes".

Lucine Bourliaud l'animatrice, Momoko Seto et Tanguy Olivier le producteur de chez Miyu.

Photo Clément Martin


Momoko Seto est une artiste japonaise qui s'est installée en France depuis de nombreuses années. Cette artiste singulière vient du monde des beaux-arts et de l’Art expérimental. Elle s’est distinguée par ses courts-métrages filmés en "time-lapse" où les vedettes sont des cristaux de sel, des moisissures, des champignons ou des plantes qui vivent et se développent sous nos yeux. Cette technique nécessite un appareillage sophistiqué qui permet de filmer des images à intervalles réguliers pendant des semaines afin de nous montrer ensuite en continu un monde qu’on ne voit pas avec notre perception du temps.


Momoko Seto pendant le tournage de planète à la station biologique de Roscoff : Recréation minutieuse d'un univers marin, Bras de robot et caméra périscope, programme informatique de pilotage de la prise de vue, autant de prouesses techniques pour traduire un réel.


Cette fois-ci Momoko Soto s’attaque à son premier long-métrage avec "Planètes". Seulement voilà pour financer un long-métrage, il faut une histoire, il faut des personnages ! Pas facile avec des techniques qui tiennent plus du cinéma expériemental que du cinéma grand public ...Qu’à cela ne tienne ! Le film a quatre personnages … des "akènes" en d’autres termes des graines de pissenlits !

Momoko Seto nous présente les vedettes du film : Dendelion, Baraban, Léonto et Taraxa, quatre akènes de pissenlit - Photo Clément Martin


Et pour raconter une histoire sans paroles sur des graines pissenlits, rien de tel qu’un scénariste, Alain Layrac , spécialiste des dialogues et de la psychologie féminine ! :-)


La réalisatrice nous propose un film d'aventure où nos quatre héros, des migrants écologiques, quittent un monde hostile à la recherche d'une terre d'accueil quelque part dans l'univers.

Pour tourner cette aventure dont on attend les rebondissements, Momoko Seto utilise toute les panoplies du réel.


Le réel miniature

Le premier des réels est bien sûr celui du monde miniature. Momoko Seto prélève de ce monde autant d'animaux, de paysages, de décors, de végétaux fantastiques qui viennent peupler notre épopée de science fiction.

Momoko Seto en tournage avec des têtards. - Source photo Momoko Seto

Nous découvrons avec cette technique aussi bien une limace, qu'un oursin, des têtards (agrandis 36 fois), des insectes majestueux ou des amphibiens. Des végétaux extraordinaires sculptent les paysages de ce monde. Nous pouvons observer dans les photographies l'appareillage complexe des installations nécessaires aux prises de vues qui deviennent autant d'inspirations pour peupler un univers fantastique et surréaliste.

Un oursin aux couleurs étonnantes. - Source photo Momoko Seto


Le réel au temps accéléré

Les images filmées en "time-lapse" nous révèlent des mouvements poétiques imperceptibles dans la réalités. Développements de végétaux, déplacements accélérés de mollusques sont filmés en image par image à l'aide d'un impressionant apareillage tant les positionnements de la caméra entre deux photographies doivent être d'une précision absolue.

L'impressionnant bras de robot nécessaire pour filmer image par image un pissenlit ! - Source Image Momoko Seto
Cette image montre les positionnement des points de prises de vues prévus dans le temps. - Source image Momoko Seto

Le réel géographique

Cette composition pour créer ce réel fantasmagorique extra planétaire a nécessité également plusieurs lieux de tournage :

  • L'Islande avec un pilote de drones pour filmer en temps réel ses grottes et ses landes apparemment hostiles,

  • le Japon pour filmer un curieux végétal qui a longtemps appartenu à la famille deschampignons avant d'être réintégrer dans les végétaux,

  • Roscoff pour filmer des environnements marins en laboratoire,

  • ou encore un château en Bourgogne pour filmer en studio avec ... 17 appareils photo et 3 caméras de prise de vue réelle !


Image désertique où sont intégrés limaces et nos héros sur le dos des limaces. - Source image Momoko Seto

Le réel de synthèse

L'image des synthèse 3D n'est pas en reste. Outre la création de personnages en 3D, l'image 3 D et la photogramétrie permettent de préparer les mouvements de caméra et l'assemblage des images issues des différentes prises de vue.


Exemple d'essai de "collage" de petits légumes et d'éléments de paysage. - Source photo Momoko Seto

Des photographies sont également utilisées pour créer des décors dans des collages polytechniques.


Le réel sonore

Dans un film sans parole, le rôle du son et de la musique est prédominant pour nous communiquer des émotions associées aux images et aux mouvements. Là encore le film fait appel à une compétence rare : Nicolas Becker. C'est à ce compositeur, spécialiste de la conception des sons, multi récompensé avec notamment un oscar du meilleur son pour le film Sound of Metal en avril 2021, qu'a été confié les sons et la musique qui accompagnent l'épopée de nos 4 personnages. Nous avons pu voir un extrait filmé en studio où l'équipe manie aussi bien des instruments électroniques sophistiqués que des objets ou des instruments aux sons originaux. On y sent une impression de recherche, de liberté et une énergie qui nous rappelle les meilleurs moments des artistes pop des années 70. Quel défi de développer un univers sonore à la fois archaïque et futuriste. Imaginez le travail créer le son juste associé à des œufs de têtards ! On imagine les recherches musicales qui y seront associées. On s'attend à un résultat aussi étonnant que spectaculaire qui accompagnera l'épopée de nos personnages.

Nicolas Becker et l'équipe de la musique et du son dont Quentin Sirjacq en studio. Source Photo Momoko Seto

Composer le réel

Si chaque réel est capté par une prouesse technique truffée de trouvailles technologiques à orchestrer par des compétences rares, la composition des éléments est un chef d'œuvre de complexité.

Momoko Seto nous expose un élément du plan de découpage de"Planètes" : Le découpage du film se fait suivant un plan précis qui inclut des installations et des compositions d'éléments par incrustation. - Photo Clément Martin

Calculs de positions, travaux préparatoires, écrans de contrôles multiples dont pour associer des mouvements à des échelles différentes.


Ecrans de pilotage pour créer une scène et en piloter le montage.

C'est ainsi qu'une petite limace peut devenir un géant qui évolue au coeur de l'action dans un paysage aride.


La limace lors du tournage initiale. source Photo Momoko Seto

La limace incrustée dans le paysage. Source photo Momoko Seto

André Martin qui a inlassablement suivi les progrès techniques de l'animation pendant 50 ans, aurait adoubé ce projet de film, tant les techniques utilisées et leurs combinaisaons en font un film remarquable d'un point de vue instrumental. Lui qui a dressé en 1964 un arbre des techniques du cinéma d'animation, cet arbre qui aurait pu faire partie du film aux milieux des végétaux étranges qui le peuplent, n'aurait pas manqué de le mettre à jour à l'occasion de ce film(1).


1960 12 Le Cinéma chez soi pratique no 31 Les principes d'un cinéma à 1 image près p 216-217. Arbres des techniques de l'animation. - Image Collection Geneviève et André Martin

Malgré une scène annoncée de sexe torride entre deux limaces, le film va très probablement enchanter petits et grands par cette épopée pour la sauvegarde de l'espèce que vont vivrent nos quatre héros. Nul doute que ce film marquera l'année 2025 par son originalité et la beauté curieuse de ses images. Nous l'attendons avec impatience en souhaitant qu'il touchera le grand public comme l'avait réussi Jean Painlevé avec son documentaire "Hippocampe" en 1934 et que cette œuvre de fiction rentrera dans l'histoire du cinéma d'animation.

Où la composition des images non offre un clair lune. - Image https://www.miyu.fr/production/planetes/

(1) André Martin a toujours surveillé attentivement les évolutions techniques et technologiques (2) (3) et a réalisé un film entièrement images 3D et sons de synthèse en 1982 (4)

(2) 16 naissance-du-cinéma-informatique 1ère-partie : Des pionnières et des pionniers

(3) 23 Naissance du cinéma Informatique 2e partie : Les années 60 et les pionniers du numérique.

(4) 46 Maison Vole : L'envolée a 40 ans ! https://www.gamca.info/post/maison-vole-l-envolée-a-40-ans


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